Un simple Chasseur

Un simple chasseur




Il y’a des soirées qui sont propices à la joie, à la fête et à l’amour. D’autres lorsque le ciel est gris et que la brume entoure le monde dans comme un écrin qui sont d’avantage propices à l’introspection et à la mélancolie. Et lorsque l’esprit commence à s’embrumer lui aussi dans les vapeurs de l’alcool alors des souvenirs lointains qu’on espérait avoir oublié peuvent refaire surface.

C’était une de ces soirées, une soirée sombre et orageuse, où les personnes censées prenaient soin de rester dans leurs demeures, pressés près de la cheminée où enfoncés dans leurs lits. Et ceux qui ne possédaient aucun endroit qu’ils pouvaient raisonnablement appeler leurs « chez eux » où qui pour des raisons qui ne regardent qu’eux ne souhaitent les regagner ce retrouvent parfois dans une taverne pour se réchauffer un peu les uns auprès des autres.

Ce fût le Solitaire bleu à Stromwind que choisirent ce soir là Letho et Marion.

- Viens j’aperçois une table de libre à l’étage. On va essayer de se l’approprier.

Jouant des coudes nos deux amis entreprirent de fendre la foule hétérogène qui peuplait la taverne. Entreprise qui fût grandement facilitée par la présence intimidante du grand loup noir qui accompagnait Letho.
Une fois l’elfe au visage sévère et son amie attablé, le loup se couchât sous la table aux pieds de Letho laissant de temps en temps échapper des grondements sourds et menaçants lorsqu’un personne dont l’odeur où la démarche ne lui revenait (c'est-à-dire quasiment tout le monde) s’approchait un peu trop près d’eux. Tant et si bien qu’une fois leur consommation apportés par un serveur inquiet ils purent bénéficier de bien d’avantage d’intimité que la plupart des clients du Solitaire.

- Alors mon grand que deviens tu depuis la dernière fois que nous nous sommes vus ? s’enquérit Marion.
- Notre dernière rencontre remonte à moins d’un mois mon amie et pourtant… pourtant j’ai l’impression d’avoir vécu plus de choses au cours de ce mois que pendant la dernière décennie…
- Vraiment…Bon raconte moi tout est elle brune, rousse, c’est une humaine, une elfe…non ne me dit pas que tu t’es émourachée d’une gnome quand même ?

Un sourire amusé éclaira fugacement le visage de Letho, sa vieille amie avait une fois de plus fait mouche.

- Tsss….décidément tu ne changeras. Mais oui pour te répondre il y’a bien une fille qui a quelque peu chamboullée ma vie…

Interrompant Letho, Marion se rapprocha de lui l’air vivement intéressée.

- Ah oui, raconte moi ça tout de suite, qui a pu donc réussir à toucher ton cœur, grandes oreilles ? J’ai toujours pensé que tu finirais vieux garçon, ça doit être une perle rare …. Pour arriver à te supporter.
- Laisse moi finir tu veux ? Tu m’accableras de tes sarcasmes plus tard. Tout d’abord j’ai intégré une guilde d’aventuriers.
- Toi ? dans une guilde ? et bien tu vieillis, tu t’es toujours comporté comme un vieux loup solitaire, te complaisant dans ta solitude.
- Tu m’interromps encore Marion, la réprimanda gentiment Letho, si tu continues je vais me taire et nous finirons cette soirée à boire comme des trous jusqu’à ce que l’un de nous deux s’écroule sous la table sans échanger un nom.
- Ca va, ça va, continue ton histoire…bougonna Marion.
- Donc je disais que j’ai intégré une guilde, elle s’appelle Arme aux Poings et regroupe des individus venant d’horizons très différents, elle est dirigée par une gnome qui s’appelle Crima…
- Décidemment les gnomes te poursuivent…
- Faut croire oui, j’ai été recruté par son bras droit Ifrictus, un gnome lui aussi. Il m’a rappelé…un vieil ami. C’est sans doute pour ça que j’ai accepté si facilement de rentrer dans leurs rangs.
- Gu…pardon…ton vieil ami te hante encore Letho, il faudra bien qu’un jour où l’autre tu fasses une croix sur cet épisode de ta vie.
- Un jour oui…, chuchota Letho, mais pas aujourd’hui.
- C’est un défaut de ta race ça mon grand, vous portez votre passé et votre douleur, comme d’autres portent des chaînes. Si vous passez les siècles de votre longue existence à remâcher des vieux souvenirs, franchement je crois que je préfère vivre le cœur léger les quelques dizaines d’années que la lumière m’a accordé.
- Nous ne nous pouvons être parfaits que veux-tu…
- Ouais ça se saurait…

Après un moment de silence que les deux compères passèrent le regard plongé dans leurs choppes, Marion reprit :

- Et eux ils savent quoi de toi ?
- Pas grand-chose en fait, je leur ai raconté que je n’ai quitté les forêts d’Ashenvale que depuis peu…
- 4 où 5 ans si je me souviens bien…
- C’est peu pour moi.
- Si tu le dis…quoi d’autres ?
- Rien de plus en fait, de toutes façons il n’y a pas grand-chose d’intéressant à raconter à mon sujet.
- Tu m’en diras tant… ton enfance à Ashenvale, tes parents, leur mort, le sauvage que tu étais et que soit dit en passant tu es toujours par moments, ta rencontre avec ….ton vieil ami, vos péripéties et votre quête insensée à Dun Morogh, Westfall, les Carmines, Duskwood ? le désastre de Gnomeregan et comment t’as failli redevenir la bête que tu étais…

A cette dernière évocation de son passé, Letho se redressa brusquement le visage figé alors qu’une lueur dangereuse s’alluma dans son regard. En un éclair, le loup noir apparemment assoupi sous la table se retrouva à ses côtés l’air menaçant grondant en direction de Marion.
Marion, sereinement et sans même paraître s’émouvoir de l’attitude sans équivoque de l’animal qui lui montrait les crocs, soutint sans sourciller le regard mauvais de son ami.


- Je vois que tu parviens à contrôler la bête à présent, il fût un temps où tu m’aurais sauté à la gorge avant même que j’ai fini ma phrase. Enonça t’elle avec calme.

Les conversations dans la taverne baissèrent d’un ton alors que les clients alentour regardaient la scène avec un mélange de crainte et d’amusement.
Les deux amis restèrent un moment ainsi leurs regards rivés, puis finalement Letho ferma les yeux, prit une profonde respiration et ses yeux retrouvèrent leur éclat coutumier. Le loup sentant la tension baisser, retourna nonchalamment se coucher sous la table non sans venir donner un coup de langue à la main de Marion comme pour se faire lui aussi pardonner.

- Je suis navré Marion, je me suis emporté pour rien. Pardonne moi s’il te plaît.
- Tu es tout pardonné Letho, dit Marion avec un sourire et puis je suis assez contente de voir que tu as changé. Je suppose que cette fille dont tu m’as parlé ne doit pas y être étrangère.
- Oui … j’arrive à me contrôler maintenant, je ne suis presque plus…dangereux. Et oui sa présence m’aide, elle fait ressortir ce qu’il y’a de bon en moi.

Marion éclata de rire à cette dernière tirade :

- Allons Letho tu seras toujours dangereux, mais il se peut qu’elle arrive à t’apprivoiser.
- Qui sait….
- Bon allez grandes oreilles, reviens t’asseoir et finissons nos verres, tu me parleras d’elle.
- Désolé Marion, je crois que j’ai besoin de prendre un peu l’air, ce sera pour une prochaine fois.
- Comme tu veux mon Ami, tu sais où me trouver.
- Oui je sais, merci pour tout.

Sur ce dernier échange, Letho laissa une pièce sur la table et tourna les talents non sans avoir souri une dernière à Marion. Mais Marion vit bien à son expression que le cœur n’y était pas et que l’humeur de Letho était portée à la mélancolie.

- Une dernière chose ! l’apostropha t’elle.
- Oui…dit il sans se retourner.
- Comment s’appelle t’elle ?
- Andorä…

Le loup vint se frotter une dernière fois contre ses jambes et suivit Letho hors de la taverne. Cet imbécile va sans doute passer la nuit dans un arbre à ressasser des vieux souvenirs et va chopper un rhume de tous les diables.

Marion fit un geste de la main en direction d’un serveur en désignant son verre vide. Celui-ci s’empressa de le remplir à nouveau et Marion le récompensa d’un sourire amical.

- Eh ben Ma Dame, je sais pas si c’est votre compagnon mais il a pas vraiment amical le gars avec qui vous étiez, dit il.
- Non, nous ne sommes pas ensembles, nous ne sommes que des amis.
- Ah ben tant mieux pour vous parce que vu comment il s’est comporté avec sa bête sauvage vis-à-vis de vous faudrait être une sacrée folle pour s’acoquiner avec un gus pareil, c’est moi qui vous le dit.

Jetant un regard dédaigneux au serveur, Marion prononça à voix basse :

- Vous ne pouvez pas le comprendre, il a honte c’est tout. Honte de ce qu’il était et de ce qu’il pourrait redevenir. Après une seconde d’hésitation elle reprit. Mais je crois qu’il est maintenant sauvé. Quant à la femme qui parviendra finalement à l’apprivoiser je dirai plutôt que ce sera une sacrée veinarde.



Hrp : La suite viendra plus tard.

Je le savais!! derrière ce masque de politesse et d'élégance se cache une sombre vérité..... et ainsi elle éclate au grand jour grâce à ce récit !!!

La vérité.....tu ne sauras jamais aussi beau que moi !!!.....

Jamais aussi beau qu'un gnome??

*Eclate de rire et s'en va en se gondolant*

Letho...une bete....

Vivement ce mariage avec Andora...

Une nouvelle nuit, un nouveau gibier, une nouvelle traque…

Courrant à foulées régulières dans les contreforts d’Hillsbard, Letho ne pensait qu’à sa proie. Il se rapprochait il le savait, une brindille cassée, une trace de pas dans l’herbe fraîche,…autant d’indices qui lui permettait de suivre sa proie sans difficultés. Celle-ci avait peur, il le sentait, elle courrait à perdre haleine tachant de regagner la sécurité du Moulin de Tarren…mais il ne lui en laisserait guère l’occasion. Il la rattraperait avant.

Letho chassait et il aimait ça, la perspective de la mise à mort qui conclurait la traque l’enchantait moins mais il le fallait. Qu’un guerrier orc se permette de venir jusqu’à Southshore pour assassiner des humains n’était pas acceptable. Il devait payer pour son crime.

Le maintien de la « trêve » n‘était guère aisé et il y’avait des têtes brûlées dans chaque camps. Ce soir un membre de la Horde était allé trop loin. Il fallait qu’ils comprennent que l’Alliance ne permettait pas que l’on s’en prenne aux siens. Ce soir c’était lui qui était chargé de leur adresser ce message.
Oh personne ne l’avait désigné, il avait simplement été là quand ce guerrier s’en était pris à ces deux humains et s’était enfuit dans la nuit avant de subir les représailles des gardes de Southshore. Alors il était parti sur les traces de cet orc..il s’y sentait obligé et il devait aussi reconnaître au fonds de lui qu’il aimait ça…

Un bruissement…ça y’était il avait rejoint sa proie, là devant lui à quelques dizaines de mètres l’imprudent se tenait à un arbre pour reprendre son souffle. Sans un bruit il ajusta sa visée, la tigresse qui l’accompagnait se tenait prête, le poil frémissant d’excitation contenue, attendant son ordre.
Dans un bruit de tonnerre le coup parti et cueillit l’orc en plein milieu de la poitrine…il tomba à la renverse mais se releva alors qu’une tâche de sang s’étalait sur son torse.
Fichu armure, pensa Letho. La maille dont était recouvert l’orc avait amorti le coup.
Letho adressa un bref signe de la main à Tytia et la tigresse s’élança poussant un feulement menaçant. L’orc fit front et s’élança en direction de Letho en poussant un cri de rage.
Il faut leur reconnaître ça, songea Letho, ces orcs n’ont pas froid aux yeux.

Tytia se jeta sur le guerrier. Ses griffes et ses crocs ne parvenaient pas vraiment à transpercer son armure de maille mais ça le ralentissait suffisamment pour permettre Letho d’ajuster un autre tir.
Une nouvelle balle fusa, touchant le guerrier à l’épaule, une autre encore s’enfonça profondément dans sa cuisse. Le guerrier Orc tomba à genoux. Les yeux de l’orc se rivèrent à ceux de Letho et celui-ci y lut la colère, la peur face à la mort…puis, lorsque les crocs de la tigresse lui déchirèrent la gorge, le vide. L’âme de l’orc avait déserté son corps…

Tytia revint vers le chasseur, l’excitation qu’il ressentait quelques instants auparavant l’abandonna peu à peu pour laisser la place à ce sentiment de malaise qui lui était devenu habituel.
Ce soir encore il avait pris une vie, il avait tué non pas pour assurer sa survie où celle d’une personne qu’il aimait mais parce qu’il devait le faire. C’était une nécessité, se dit il, il a tué des humains, je ne pouvais pas laisser ce crime impuni.

Il savait que l’orc méritait la mort, pourtant le malaise persistait. Il avait pris du plaisir à traquer cet orc et au fonds de lui la peur était là, elle était toujours là… La peur de prendre à nouveau du plaisir à tuer, la peur de se laisser tenter…Il se rappelait la colère, la sauvagerie, l’absence de remords….et le fantastique sentiment de liberté qu’il avait éprouvé alors que la bête le possédait… Il se souvint de la honte également et de la douleur terrifiante qu’il avait éprouvé lorsqu’il s’était enfin réveillé et qu’il avait pris conscience de ses actes.

Non plus jamais, plus jamais se jura t’il, il ne laisserait la bête reprendre possession de lui. Il avait construit des barrières entre lui et la bête et l’amour d’une femme, sa femme maintenant, avait renforcé ses défenses et affermit sa volonté… Il ne la décevrait pas, pour elle, pour leur amour il finirait par tuer définitivement la bête.

Rassénéré, il tourna les talents et s’en retourna à Southshore, abandonnant le cadavre de l’orc. Au matin les habitants du Moulin de Tarren retrouverait le corps et comprendrait, du moins il l’espérait.

- Par la Lumière grandes oreilles, je peux savoir ce qui t’a pris de venir te cacher aussi loin de tout ? Tu ne te rends pas compte du mal que j’ai eu à te retrouver.

Letho jeta un coup d’œil amusé à l’humaine gracile qui se laissa choir à ses côtés. Mais comment avait elle fait, se demandait il. Pour le retrouver elle avait du traverser la majeure partie du continent de Kalimdor. Rejoindre Feralas pour quelqu’un de peu expérimenté n’était déjà pas évident, mais parvenir jusqu’au pied des Colosses jumeaux et trouver le moyen de parvenir jusqu’à leur sommet, le moyen en question était en fait incroyablement simple mais peu connu, était un petit exploit en soi. Cette humaine, sous une apparence fragile, était décidemment pleine de ressources pensa t’il.

Assis côte à côte au sommet des Colosses, les deux amis n’échangèrent pas un mot pendant un long moment. Il faut dire que le paysage était à couper le souffle, Marion comprenait pourquoi son compagnon taciturne aimait tant cet endroit.

Ce fut Letho qui le premier rompit le silence :
- Tu sais qu’il n’y a qu’un seul moyen de descendre d’ici ?
- Pour toi peut être, pour une magicienne de mon talent ce n’est guère un problème. Je pourrai revenir à Stormwind quand je le souhaiterai d’un simple claquement de doigt…et puis franchement je n’ai aucune envie de me prendre pour un oiseau…

Les deux compères gardèrent de nouveau le silence, profitant du paysage. De nouveau se fût Letho qui le rompit :
- Alors ?
- Alors quoi ?
- Vas-tu finir par me dire ce que tu es venue faire jusqu’ici ?

Marion lui jeta un regard noir et lui envoya un coup de poing sur l’épaule, elle regretta aussitôt son geste. L’armure de maille recouvrant Letho lui avait endolori le poignet.
- Par la Lumière l’elfe !, s’écria t’elle, j’ai parcouru la moitié d’Azeroth, traversé milles dangers, grimpé à mes risques et périls au sommet de cette foutue montagne et au lieu de m’accueillir à bras ouverts, la seule chose que tu me demandes c’est ce que je fiche ici ! Tu es impossible…
- C’est ce qui fait mon charme, lui répondit Letho en lui jetant un regard amusé. Puis te connaissant tu as sans doute parcouru une grande partie du chemin par magie, par ailleurs souviens toi que mes yeux sont bons. Cela fait un moment que je t’ai vu approcher toi et la petite troupe qui t’accompagnait. Quant à ton « ascension » jusqu’ici, elle a sans doute été aussi rapide que la mienne.

Marion poussa un long soupir :
- Tu es exaspérant Letho….
- Me rejoindre jusqu’ici n’a cependant pas du être facile, je te félicite. Mais j’aurai préféré rester seul tu sais….

Le regard perdu au loin, Marion murmura :
- Non mon ami, rester seul est bien la dernière chose dont tu as besoin en ce moment. Avec hésitation Marion poursuivit, tu m’as appris dans tes lettres que ton mariage n’a pas été une grande réussite.
- On peut pas dire non….
- Vas y raconte moi
- Je ne sais pas trop ce qui s’est passé Marion, elle s’est…éloignée….je n’ai quasiment plus de nouvelles d’Andorä et il me faut maintenant tourner la page.

Marion posa une main avec douceur sur l’épaule de Letho, ce dernier tressaillit à ce contact, ce qui ne manqua pas de l'inquiéter.

- J’en suis désolée pour toi mon ami mais regarde moi….

La répugnance dont fit preuve Letho à se tourner vers elle et la lueur qu’elle crut déceler dans son regard confirmèrent ses craintes.

- Je vois la bête qui se débat en toi Letho…. Murmura Marion.

Letho se détourna aussitôt et ferma les yeux.

- Je sais…j’ai peur Marion….
- Que s’est il passé ? je croyais que c’était désormais fini

Letho mit longtemps à répondre cherchant ses mots.

- Le départ d’Andorä m’a touché plus que je ne l’imaginais, je ne savais pas quoi faire alors j’ai cherché à l’oublier. J’ai accepté toutes les missions que l’Alliance m’a proposées et je me suis lancé dans toutes les batailles possibles. Je suppose que j’espérais que combattre m’aiderait à l’oublier.
- Et ?...
- Et ça a marché, en partie du moins…
- Mais la bête est revenue….
- Oui, je ne m’en suis pas rendu compte au début. Puis peu à peu j'ai pris de plus en plus de plaisir à combattre et à tuer. Il m’arrivait de tuer alors que j’aurai pu l’éviter…j’ai…j’ai retrouvé le goût du sang Marion…

Letho regarda son amie à la dérobée, elle semblait préoccupée mais calme. Aucun sentiment de peur n’émanait d’elle. Letho en fut à la fois soulagé et impressionné.

- Tu vas tenir ? s’enquit elle.
- J’essaie mais j’ai du mal.
- Tes amis sont au courant ?
- Non j’ai réussi à le cacher, pour l’heure ils ne se doutent de rien.

Marion hésita longuement avant de parler :
- Ecoute longues oreilles…je suis navrée de te dire ça mais..tu n’es plus fiable. Si la folie te reprend si tu ne parviens pas une fois encore à la repousser tu vas devenir dangereux pour toi et pour les autres. Il faut que tu les préviennes.

Letho poussa un soupir de résignation.
- Tu as raison, nous devons nous réunir ce soir, je leur dirai…
- Et tu comptes leur dire quoi exactement ?
- Juste ce qu’ils ont besoin de savoir pas plus.
- Sois prudent, si tu sens que ta conscience commence à vaciller, va t’en.
- Ne t’en fais pas, je ne veux pas les mettre en danger surtout….
- Surtout qui ?

Letho adressa un sourire crispé à Marion
- Désolé mais tu ne me tireras pas les vers du nez aujourd’hui.

- Soit, garde tes secret, déclara Marion en se levant. Je vais devoir te laisser. J’espère qu’une fois de plus tu trouveras la force…. Puis franchement je n’ai aucune envie de te traquer dans tout Azeroth comme la dernière fois….

Pour la première fois, le sourire de Letho fut sincère.
- Je te promets de tout faire pour t’éviter cela.

Marion adressa un dernier signe de tête à Letho et commença à dessiner des arabesques dans les airs avec ses mains, tissant les fils de la magie. Son incantation terminée une lueur bleutée l’enveloppa et Letho fut à nouveau seul.

Fixant l’endroit où se tenait Marion quelques secondes auparavant, Letho murmura :
- Merci mon amie.



(Bon je suis moyennement content de ce texte mais à ma décharge je l'ai rédigé rapidos)

*rentre dans la pièce fatiguée et s'affale sur le premier siège qu'elle voit*

Tiens qu'est-ce que c'est ?

*prend le bout de papier sur la table et le lis avec attention*

Letho... *reste silencieuse et ressort de la pièce immédiatement*


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(Hrp: magnifique histoire vraiment j'ai pris plaisir à le lire ! Mais c'est une histoire s'est passée il y a longtemps ? Mais vraiment chapeau bas à toi !)

Elésia

(ça avance au fur et à mesure, le dernier récit est censé s'être déroulé il y'a peu de tps^^)

(Et hop voilà la suite et presque la fin du bg de Letho, je vous y raconte le comment du pourquoi Letho se trouve, au moment où j'écris ses lignes, au sommet des Colosses jumeaux et pourquoi il n'a pas été très sympa ce matin ni ne le sera probablement ce soir. Il me reste encore une bricole ou deux à raconter sur son passé mais ça fera l'objet d'un autre récit)


Après le départ de Marion, Letho resta seul au sommet des Colosses jumeaux. Et la solitude faisait remonter des souvenirs dont très peu étaient agréables.

Il se souvenait de sa petite enfance à Ashenvale. Ses parents étaient des solitaires proches de la nature, ils vivaient loin de tout et leur vie était paisible. Il se souvenait de son père lui apprenant à tirer à l’arc, à suivre une piste, à courir sans se fatiguer, à chasser et à tuer un animal sans que celui-ci ne souffre… Il se souvenait de ce jour funeste où ils les avaient retrouvé morts l’un et l’autre. La hutte où ils vivaient était rouge de sang, les corps de ses parents étaient….éparpillés, c’était le seul mot qui lui venait à l’esprit. Il n’avait finalement compris que c’étaient eux que lorsqu’il avait marché sur un doigt, un doigt sur lequel il reconnut la chevalière de son père. Il se souvenait vaguement s’être enfui en hurlant, l’esprit consumé par la terreur et le chagrin.

Il ne savait qui exactement avait tué ses parents, même si aujourd’hui il savait pourquoi on les avait tué. Sa seule certitude était que la Horde n’était pas en cause.

Letho n’avait que de vagues souvenirs de cette période, il avait erré longtemps…même au vu des critères des elfes. Peu à peu, il avait perdu sa conscience, avait oublié la plupart des sentiments, seul l’instinct de survie lui resta. Il avait vécu comme une bête, agissant et pensant comme elles. Il avait tué pour se nourrir, se défendre, par colère ou par peur. Il était devenu un prédateur, un tueur froid, n’éprouvant aucune pitié. Il n’était pas regardant sur ses proies, il tuait aussi bien les animaux que les hommes, elfes, orcs ou autres… sans considération pour leurs âges ou leurs sexes. Des rumeurs finirent par courir à Ashenvale, on parlait d’une créature mi elfe mi animale qui rôdait dans les bois. On l’appelait la Bête. Des battues furent organisées pour le traquer, il s’enfonça davantage dans la forêt…non sans avoir tué plusieurs de ses poursuivants. Il se fit plus discret et peu à peu on l’oublia, la Bête ne fut plus qu’une légende que l’on racontait aux enfants le soir pour les effrayer.

Jusqu’au jour où ce gnome, qui plus tard devint son professeur et son mentor, vint le trouver. Il le débusqua au fond d’une caverne obscure et le maîtrisa. Sa magie était puissante, Letho n’était guère qu’un chaton entre ses mains.
Au souvenir de son vieil ami, Letho ne put réprimer un sourire.
Après la brève lutte dans la caverne, Letho avait perdu connaissance. Lorsqu’il reprit conscience il était allongé sur un lit douillet dans une pièce fermée par une lourde porte. Oh le gnome avait pris des précautions, sa cage puisqu’elle se révéla en être une, était placée au sommet d’une haute tour. La porte était épaisse et le verrou des plus solides, les fenêtres étaient munies de solides barreaux. Gurintescal, puisque c’est ainsi que se nommait le gnome, ne faisait rien à moitié. Tous les jours, il vint voir Letho lui apportant à manger et à boire. Les premières fois qu’il était entré dans la pièce, Letho avait voulu lui sauter dessus pour le tuer et s’enfuir. Chaque fois Gurintescal l’avait renvoyé à l’autre bout de la pièce hurlant de douleur. Il avait fini par arrêter d’essayer de lui sauter dessus et se réfugiait craintivement à l’autre bout de la pièce quand le gnome arrivait. Son éducation, ou plutôt sa rééducation avait alors commencé. Gurintescal venait chaque jour et lui parlait longuement, lui montrant des objets, des peintures, des paysages. Au fil du temps Letho revint à la conscience, la brume de la folie se dissipa et les souvenirs affluèrent. La mort de ses parents, son errance, ses tueries, tout lui revint brutalement….et il hurla…, il hurla sa tristesse et sa honte….
- C’est mieux, tu hurles comme un elfe maintenant, fût la seule chose que déclara Gurintescal.

Une fois sa conscience retrouvée, Gurintescal avait entrepris de l’éduquer. Il lui avait réappris à parler, à écrire, lui avait prodigué des cours d’histoire et lui avait transmis sa passion pour l’ingénierie. Et plus important il avait refait de Letho un elfe, lui avait appris à vivre avec ses tourments et à contrôler ses émotions. Il lui avait également appris l’humour enfin une certaine forme d’humour en tout cas.

Quand il estima que Letho était enfin près, il lui fît visiter les capitales de l’Alliance, lui apprit à côtoyer du monde sans sauter à la gorge de la première personne ne lui revenant pas. Bref il l’avait sociabilisé, apprivoisé disait il en plaisantant.

Il avait entraîné Letho aux quatre coins d’Azeroth, ils avaient affronté bien des périples ensembles, s’étaient engouffrés sans peur dans bien des endroits étranges. Ils s’étaient mutuellement sauvés la vie plus d’une fois. Pour Letho, Gurintescal avait pris la place de ses parents, il était son père, son ami, son mentor, son professeur. Après bien des années Gurintescal lui avait appris que ses parents et lui-même avaient été amis. Il avait mis longtemps avant d’apprendre leur mort et avait cherché leur fils pendant un long moment avant de le trouver dans cette caverne. Letho apprit aussi la raison de leur mort, mais aujourd’hui encore il préférait ne pas y penser.

Les années passées en compagnie de Gurintescal avaient sans doute été les plus belles de sa vie. Tout avait pris fin lors de la destruction de Gnomeregan. Comme tant d’autres en apprenant la nouvelle, Gurintescal s’était précipité pour sauver ce qui pouvait l’être…comme tant d’autres il y mourut.

Letho n’avait pu le suivre à Gnomeregan, il se remettait des blessures reçues au cours de leur dernière aventure. Dès qu’il en fut capable il se précipita pour rejoindre son vieil ami et vit avec horreur les ruines. Il s’engouffra néanmoins dans la citadelle tombée, et finit par y découvrir le corps de son ami sous des décombres.
Letho se souvenait avoir essayé de sortir le corps des décombres alors que les troggs se rapprochaient. Il n’y était pas parvenu et avait du s’enfuir. Il ressortit de ce qui pour lui ne représentait plus rien d’autre qu’une tombe.
Il avait reçu plusieurs blessures en parcourant la cité tombée, la douleur dans son corps était terrible mais rien en comparaison de celle que lui occasionnait la perte de Gurintescal.

Aujourd’hui encore il se souvenait de la colère et de la peine, il se souvenait avoir senti les murailles de son esprit vacillées sous le choc. Il se souvenait avoir senti la folie l’emporter et sa conscience sombrer.

Il ne se souvenait pas en revanche comment il était retourné dans les forêts d’Ashenvale. Il était redevenu la Bête, mais cette fois il était bien plus fort et était consumé par la colère. Il se souvenait de la colère mais aussi du plaisir qu’il avait eu à chasser et tuer…à cette évocation il ne put réprimer un tremblement.

Les autorités d’Ashenvale offrirent une prime pour sa tête, de nombreux aventuriers s’élancèrent sur ses traces. Les aventuriers qui se lancèrent à sa poursuite n’étaient pas préparés à affronter la Bête qu’était redevenue Letho. De chasseurs, ils devinrent proies, il les tua.
Ce fut finalement une jeune humaine qui eut raison de lui, mais Marion en le voyant, en découvrant que la Bête n’était rien de plus qu’un elfe rendu fou par la colère et le chagrin, eût pitié et refusa de le tuer. A nouveau Letho se retrouva dans une cage. Elle annonça aux autorités d’Ashenvale que la Bête était finalement morte mais que la puissance des sortilèges qu’elle avait du employer avait détruit son corps. La Bête ne fit plus parler d’elle alors ils la crurent.

Elle aussi emprisonna Letho, elle fit venir des prêtres comptant parmi ses amis pour combattre sa folie, elle lui parla, se montra attentionnée et abandonna toutes ses obligations pour s’occuper de lui. Ce fût long et difficile mais Letho revint. Grâce à elle il avait réussi à repousser la Bête. Et de nouveau avait hurlé sa peine et sa honte….
Letho et Marion devinrent amis, puis amants pour redevenir amis. Elle lui avait appris le peu qu’il savait sur les femmes. Depuis ils étaient toujours restés proches l’un de l’autre, ils étaient confidents et répondaient toujours présents quand l’un d’eux avait besoin de l’autre.

Mais ils savaient l’un et l’autre que la Bête n’avait pas été vaincu, seulement repoussée. Elle rôdait aux frontières de la conscience de Letho semblant attendre qu’il relâche sa vigilance.

Il avait cru un moment que son histoire avec Andorä l’avait finalement délivré de sa folie. Il lui avait tout raconté et elle l’avait compris et accepté.

Andorä avait disparu de sa vie, il avait tourné la page mais la Bête était réapparue.

Seul au sommet des Colosses Letho luttait contre lui-même. Sombrer dans la folie serait tellement simple, tellement plus simple….
Il se souvenait de la colère, il se souvenait du plaisir, il se souvenait de la liberté qu’il avait éprouvé alors, sans sentiments sans peines, sans peurs, sans responsabilités, sans conscience et sans honte… tout serait tellement plus simple…oui tellement simple…c’était si facile il lui suffisait d’arrêter de lutter, d’arrêter de s’imposer ce long combat, oui….

Un grondement féroce retentit soudainement derrière lui, vivement il se retourna les lèvres retroussées s’apprêtant à faire face à son adversaire….
Derrière se tenait Tytia, la tigresse qui avait décidé de lier sa vie à la sienne. Il avait oublié sa présence.
Le regard azur du félin plongea dans le sien et par delà les brumes de la folie qui l’envahissait, il lut dans ses yeux l’affection qu’elle lui portait et la confiance absolue qu’elle avait envers lui. Sa vue se brouilla et d’autres regards lui semblèrent se superposer à celui du félin, des visages le regardaient, les visages de personnes auxquelles il tenait aujourd’hui, celui d’Elésia, Saku, Crima, Rexou, Ifrictus et d’autres. Et finalement se fut le visage de Gurintescal qui lui apparut, et dans ce visage il lut également la confiance que son vieil ami lui avait portée.

Letho tendit la main en direction de Tytia et lui caressa l’échine. Il se tourna de nouveau vers l’horizon et repoussa une fois encore la Bête.

Tytia se recoucha dans son dos calme et attentive, elle savait que son compagnon aurait encore besoin d’elle avant la fin.

Perché au sommet des Colosses jumeaux, le regard perdu vers l’horizon, Letho luttait…mais peut être pas tout à fait seul.

*rentrant peut-être pour la dernière fois de sa vie dans la pièce reservé à le guilde elle termina l'histoire qu'elle avait commencée à lire...*

Simple chasseur ? Je ne crois pas...

*posa le bout de papier les mains tremblantes et sortit de la pièce les yeux en larmes*

(Hum ton départ m'attriste Elésia, j'avoue que je comptais un peu sur toi pr faire évoluer l'histoire de Letho et là...je suis vraiment navré d'apprendre que tu nous a quitté...du coup j'ai laissé Letho prendre le frais aux sommets des colosses mais je crains que personne ne réagira)

(j'ai peut être quitter la guilde mais.... je vis toujours en tant qu'Elésia. N'abbandone pas ton histoire à cause de moi car vraiment elle est magnifiquement belle ! Bon je sais pas trop quoi dire d'autre... )

Letho était fatigué, fatigué comme jamais il ne l’avait été. Pour l’heure il gisait sur le dos à quelques mètres de son point d’arrivée au sommet des Colosses Jumeaux à l’endroit où il s’était finalement écroulé quelques heures auparavant. Il aurait certainement pu se trouver un endroit un peu plus confortable avec un minimum d’efforts mais les forces lui manquaient.

Le voyage de retour depuis Stormwind, de manière étonnante il en était venu à considérer les Colosses comme son point de chute et non sa destination, lui avait paru d’une effroyable lenteur. Il n’en gardait d’ailleurs qu’un souvenir confus. Il se souvenait vaguement avoir été malade durant la majeure partie du trajet en bateau jusqu’à Auberdine et d’être tombé de sa monture à plusieurs reprises.

Letho se savait au bord l’épuisement physique. Il avait toujours eu du mal à imaginer que quelqu’un puisse vraiment mourir de fatigue mais là il devait convenir qu’il n’en était pas loin. Le moindre effort supplémentaire aurait sans doute eu raison de lui.

Par l’enfer ! Quelle soirée… il avait simplement planifié de se rendre à Stormwind pour y retrouver ses amis autour d’une table dans une taverne du parc. Il comptait leur annoncer qu’il n’était plus fiable, voir dangereux et retourner s’isoler. Avant même de quitter les Colosses il savait déjà se que ce voyage lui coûterait. Se rendre dans une ville aussi importante que Stormwind dans son état était déraisonnable. Le moindre incident, la moindre agression et il aurait pu perdre le mince contrôle qu’il exerçait encore sur son esprit et sombrer définitivement dans la folie. Letho en avait conscience mais malgré tout il s’était rendu à Stormwind. Pour eux, pour ses amis, pour la guilde, il se devait au moins de les informer.

Mais tout avait dérapé ce soir là….tout d’abord Elésia avait décidé de quitter la guilde, Naturos hésitait à faire de même. Et Letho se sentait trop faible pour y changer quoi que ce soit…. Quand Elésia lui avait appris cela, il était déjà trop fatigué pour vraiment réagir, alors il avait mis ce nouveau choc de côté, il ne se sentait pas capable de surmonter d’autres soucis ni la peine occasionnée par son départ. Alors il avait simplement refusé d’y penser. Froidement il avait annoncé à Elésia et Coriolis ses problèmes…. Puis….tout c’était enchainé…..

Le cri poussé par Crima lui avait vrillé les oreilles, lui occasionnant une douleur sourde dans le crâne… Il n’avait pas vraiment compris le sens de ses cris, et même maintenant il ne comprenait pas ce qui c’était vraiment passé…tout était encore trop confus…. Mais Elésia et Coriolis ont semblé comprendre et cela lui suffisait. Crima avait besoin d’aide, elle semblait comme possédée….
Alors malgré sa fatigue, malgré la douleur sourde dans son crâne et la Bête qui menaçait de l’emporter à tout moment…comme les autres il s’était levé et ils avaient cherché Crima.
D’autres les avaient rejoints, Sakurahime, Verata et d’autres dont il ne souvenait plus…Il aurait voulu s’arrêter, se reposer, revenir aux Colosses mais ses amis et Crima semblaient avoir besoin de lui, alors il était resté. Il avait trouvé Crima une première fois. Elle lui avait semblé incohérente, menaçant de se tuer, étrange….comme possédée… Elésia et Verata tentérent de la raisonner de la faire revenir à la raison…lui n’avait pu que s’asseoir et s’inquiéter….il s’était rarement senti aussi inutile.

Crima s’est enfui ne les laissant pas s’approcher….Alors comme les autres il s’était levé une nouvelle fois. Ses talents de pisteur pouvaient les aider, mais sa conscience ne tenait plus qu’à un fil et ses sens, d’ordinaires si affûtés, lui étaient devenus inutiles. Le monde entier lui semblait recouvert d’une brume épaisse. Elésia s’aperçut de sa fatigue et essaya de le convaincre de rester à la taverne et de se reposer. Il avait refusé.

Ce fût finalement Coriolis qui retrouva Crima. Elle gisait au sein de la Cathédrale, elle ne respirait plus. Il s’était agenouillé à côté d’elle, incapable de penser correctement. Heureusement Elésia arriva rapidement en compagnie de Sakura et elles prirent les choses en main. Alors épuisé il se permit de s’effondrer et se reposer quelques minutes.

Quand Crima finit par se réveiller elle semblait être enfin redevenue égale à elle-même. Il laissa Crima et Elésia parler ensemble, elles avaient des choses à se dire…lui ne comprenait pas…
Il conduisit les autres à la Fourchette d’Argent, et ils y restèrent quelque temps, il fit un nouvel effort pour tenir une discussion à peu près cohérente et ne pas leur laisser voir à quel point il était épuisé…foutu orgueil…. La discussion entre Crima et Elésia sembla porter ses fruits. Elésia revint dans la Guilde.

Letho finit par prendre congé, Elésia l’accompagna jusqu’à la porte de la taverne. Elle lui souhaita bonne chance, lui demanda d’être prudent et lui dit une ou deux autres choses également. Quant il la quitta, il sentit son regard posé sur lui et fit de son mieux pour ne pas trébucher et vaciller. Quand il fut sur de ne plus être à portée de vue, il se laissa tomber sur le sol et y resta un moment. Le temps de reprendre son souffle et ses esprits.

Il avait finalement réussi à regagner les Colosses. Tytia montait une garde vigilante à ses côtés, elle lui avait amené quelques poissons pêchés, il le supposait, dans le lac à proximité. Bien évidemment ils étaient crus et lui ne sentait pas la force de faire un feu. Alors il avait mordu dans la chair crue et élastique et s’était forcé à mâcher et à avaler. Il avait vomi ses premières bouchées mais s’était entêté. Il savait en avoir besoin. Etonnement il s’habitua au goût et finit par prendre plaisir à avaler la chaire blanche.

Il perdit la notion du temps, les yeux ouverts contemplant les étoiles. Il était épuisé mais recommençait à penser clairement. Ses souvenirs s’ordonnaient peu à peu. La douleur dans son crâne se faisait plus supportable. Ce n’était pas la première fois qu’il avait du lutter ainsi pour conserver sa santé mentale, bien que cette crise ait été particulièrement violente. Mais quelque chose lui semblait anormale, quelque chose n’allait pas, où plutôt… oui…tout allait trop bien, enfin au vu des circonstances….La dernière fois qu’il avait du affronter la Bête il avait du s’isoler pendant plusieurs jours au bord de la folie, incapable de toutes pensées cohérentes, toutes ses forces mobilisées pour éviter de sombrer et là…Le départ d’Elésia, sa fatigue, la recherche de Crima dans les rues de Stormwind, la voir menacer de se tuer, de quitter la Guilde…tout cela aurait du avoir raison de sa santé mentale…mais non…

Quelque chose avait changé en lui, mais quoi ?
Oh il n’était pas encore tiré d’affaires, loin de là…. La Bête était toujours là il le savait. Et il lui faudrait un moment pour reprendre des forces, si toutefois il y arrivait et qu’il ne crevait pas de fatigue…À cette pensée Letho esquissa un mince sourire. Il s’était toujours imaginé mourir en combattant, terrassé par une proie surpassant ses talents…mais mourir de fatigue au sommet d’une montagne dans l’un des coins les plus reculés de tout Azeroth lui paraissait bien ironique.

Allongée à quelques pas de lui, Tytia veillait sur son ami. Elle percevait le changement qui s’était opéré en lui et le comprenait. Cela lui paraissait évident, tout comme il lui était évident que ce changement devait échapper aux perceptions déficientes de la plupart des bipèdes. Elle percevait également l’état de fatigue de Letho, bien mieux que lui-même d’ailleurs. Elle sentait la vie vaciller dans son corps. Peut être ne passerait il pas la nuit. Tytia vivait dans l’instant. Savoir que son ami risquait de mourir ne l’inquiétait pas outre mesure, pour l’instant il vivait et c’est tout ce qui lui importait. Elle se leva et se coucha contre le flanc de Letho pour le réchauffer.

Tytia finit par s’endormir et rêva, dans son rêve elle chassait dans la jungle où elle était née et elle n’était pas seule. Un autre tigre au pelage blanc l’accompagnait. Se déplaçant avec la même aisance et la même grâce qu’elle-même. Dans son rêve elle poussa un feulement de satisfaction devant son compagnon, cette forme lui paraissait bien plus adaptée…

Stupéfaite, simplement stupéfaite...par ta vie.
Je remarque également que j'ai ratter beaucoup de choses pendant mon absence, j'en apprends grace a toi. Merci Letho.

Superbe histoire , vraiment trés compléte...On commence a bien connaître notre grand chasseurs.